Soyez béni, Monsieur Adrien !
Vous êtes parmi nos anciens. Il n’y a pas longtemps que j’ai fait votre connaissance et nous avons vécu ensemble des instants importants. Vous veniez à la salle à manger ne sachant plus beaucoup vous exprimer mais vos yeux rayonnaient de bienveillance. Vous n’êtes plus venu et, me faufilant le long de votre chambre, je vous ai aperçu très amaigri. Par la suite, vous observant de loin, je me suis rendu compte que vos yeux se tournaient déjà vers l’inconnu. Votre respiration était haletante. Je me suis assise près de vous. Mon regard allait de votre visage aux moutons broutant dans la prairie, il suffisait de baisser la tête, de bien regarder et voilà que de l’herbe fraîche se laissait manger sous leurs pattes. Un rayon de soleil, et la paix était complète. Vos yeux se penchaient vers moi, j’en fus bouleversée.
Il m’est alors venu à l’esprit de m’adresser à notre Père.
Et j’ai dit : « Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit qui les unit, je vous pardonne toutes vos fragilités.
J’ai osé, oui : il n’y a plus de prêtres. Il y a eu entre nous un retour vers la simplicité, la vérité.
Vous êtes parti, Monsieur Adrien, ne nous oubliez pas, ni votre compagne, ni vos deux enfants.
À bientôt.
Alors que l’année 2020 commençait à s’épanouir, les nouvelles qui continuaient à arriver de Wuhan étaient inquiétantes. Pourtant, personne d’entre nous ne pensait qu’elle allait franchir les frontières. Nous avons donc été choqués de constater que le Covid-19 avait bel et bien traversé les frontières et fait son entrée dans notre propre pays et qu’il avait déjà commencé à bousculer nos vies. Nous étions perplexes de ne pas savoir comment gérer cette nouvelle situation. Il y avait plus de questions que de réponses. Les nouvelles en provenance des pays européens étaient décourageantes. Le monde s’était arrêté.
Pendant notre cheminement de Carême, nous nous sommes souvenues du voyage de l’Exode. La foi au plus profond de nous nous a fortifiées pour avancer vers la terre promise, mais la réalité qui se trouvait juste devant nous tendait à nous faire perdre l’espoir. Les maisons, les villages, les villes et les cités étaient confinés. La vie est devenue très dure, surtout pour les personnes très pauvres.
Beaucoup d’entre nous ont fait un cheminement spirituel grâce à une retraite en ligne pendant la Semaine Sainte. C’était une semaine sainte différente de toutes celles que nous avons connues dans notre vie. En pensée, nous avons embrassé le monde entier, en particulier les victimes du coronavirus, leurs familles, le personnel médical et hospitalier, les dirigeants du pays, les forces de sécurité, etc. Nous avons trouvé du courage dans la Divine Providence et nous nous sommes senties renforcées par la devise "Donnez, et l’on vous donnera". Nous avons partagé avec les pauvres ce que nous pouvions. Nous avons entendu le cri des pauvres et nous avons été pressées à les embrasser dans la Charité. Nous avons partagé des rations sèches et des légumes avec les nécessiteux. Cet acte de charité a fait naître le sourire sur leurs visages et de l’espoir dans leur vie. Une aide a été offerte par téléphone à ceux qui étaient dans la peur et la panique ; une consolation aux membres de la famille qui avaient perdu leurs proches. Comme nous le dit le pape François, "dans les situations désespérées de douleur et de souffrance, Dieu n’abandonne jamais ses enfants mais reste proche d’eux". Nous sommes heureuses d’avoir pu, nous aussi, apporter un peu d’espoir aux victimes du COVID-19, du moins à certains égards.
Professions au Rwanda
Professions perpétuelles en Inde